Le temps d'un passage

21 mai 2007

Lundi 21 mai 2007

 

Serait-ce les beaux jours et la chaleur qui arrive ? Les dernières récoltes de dvd sont assez piteuses… Hormis Stray Dogs de Marziyeh Meshkini présentant avec délicatesse, via deux gosses extraordinaires, la misère et l’horreur imposées par les talibans, et Ten minutes older, collectif expérimental qui ose encore faire du cinéma un art et une recherche, les films sans grand intérêt (le seulement sympathique The ape de James Franco) succèdent aux prétentions ridicules (Little children de Todd Feld) et/ou à l’absence de talent (O Jérusalem d’Élie Chouraqui et son académisme manichéen digne d’une prod Fr2/20h30) qui peut franchement sombrer dans la médiocrité (Le concile de Pierre de Guillaume Nicloux qui réussit à faire déjouer Deneuve en se vautrant sur M. Bellucci dont la désarmante bonne volonté et la perfection plastique ne génèrent hélas aucun talent dans un scénario aussi cousu de fil blanc que mal bâti)… Quelques films également que je ne sais pas aimer, tels les hommages à la nouvelle vague de Christophe Honoré que sont 17 fois Cécile Cassard (Béatrice Dalle toujours aussi impressionnante d’honnêteté, d’intégrité) et Dans Paris (Romain Duris montrant ses limites, tellement moins à l’aise que chez Klapisch ou Audiard). Le spectateur que je suis s’ennuie alors autant que les personnages dont il suit, entre somnolence et sursauts – quelques scènes… (Guy Marchand !)-, les élucubrations nombrilistes. Revu aussi La double vie de Véronique de Kieslowski dont j’avais un bon souvenir… Que s’est-il passé entre temps si ce n’est que j’ai pris une dizaine d’années dans les dents ? Le film aussi, je le crains, malgré l’évidente inspiration du Polonais disparu trop tôt… L’épreuve du temps est assez tragique pour les cinéastes… Les mots résistent mieux à l’usure que les images. Ainsi de Withnail and I que je cherchais depuis des années et que j’ai trouvé sur un trottoir de Fuxing Lu. Ma sympathie pour le film peine à combattre les rédhibitoires poncifs d’une génération, d’une décade pas plus prodigieuse que les autres. Quoi de plus daté que la modernité ? Pour les besoins de la cause, montré Jean de Florette et Manon des Sources aux étudiants de 2ème années… Le cinéma de papa, la qualité France, mais que de talents ! Montand n’a pas fait la carrière qu’il aurait pu faire… Auteuil non plus, sauf chez Téchiné… Depardieu, victime de sa boulimie, s’est beaucoup égaré… Et je me souviens du grand Tchao pantin avec Coluche, aussi de Claude Berri… Le sens de la narration, du rythme, du script au montage, en passant par les mouvements de caméra, fait terriblement défaut dans le cinéma français - Assayas et Audiard en exception confirmant la règle?… Les deux adaptations de Pagnol, drames paysans / cinéma du terroir A.O.C., il est vrai grâce à de superbes dialogues dignes de Jeanson/Prévert, c’est à dire Carné/Renoir, montrent avec une certaine humilité que pour faire un bon film il faut d’abord éviter de jouer au réalisateur et plutôt réaliser (rendre réel) les enjeux contenus dans une histoire… S’il s’agit certes d’un art, c’est aussi un métier. Comment ne pas penser à la maîtrise de certains Américains ? Le récent et exemplaire Bobby d’Émilio Estevez ou à Altman dont je viens de revoir pour la énième fois le génial Short cuts dans lequel Gonzalez Inarritu puise son inspiration radicale depuis trois films salvateurs. Je guette Blueberry nights, dernier Wang Kar Wai à Cannes ces jours-ci, et jubile au plaisir de retrouver Hal Hartley dont je viens de dénicher Fay Grin…



21/05/2007
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