Le temps d'un passage

Carnets de Chine I (5/5/2005 - 23/5/2005)

Carnets de Chine I

Prochaine étape la lune... (2)

 

6/5 – Il est presque midi quand j'arrive au consulat pour me déclarer… La bonne femme ne veut pas me recevoir, c'est ce qu'elle me dit par l'interphone qui côtoie la vitre blindée d'une porte électronique. Derrière, comme dans un aquarium, quelques étudiantes Françaises, assises en tailleur à même la moquette d'un sas en rotonde, remplissent leurs procurations pour les européennes. « Revenez à 14h00. Â» « Impossible, Madame. J'ai rdv avec la directrice de l'Alliance Française où je dois prochainement donner une conférence… Â» La porte s'ouvre… D'un panneau mural, la fonctionnaire apparaît et fait le tour cas par cas avec une absence quasi totale de bon sens et/ou d'organisation. La plaisanterie va quand même durer 1h30, clim en panne ! J'ai droit à un enregistrement provisoire mais je m'en fous puisque prochainement Maître du Monde…

 

La directrice de l'AFS est plus détendue que lors de ma première visite, mais toujours dans une espèce de rôle, de représentation assez maladroite. Un peu comme si elle tenait à me dire « Vous savez, vous ne m'impressionnez pas… Â» quand il n'en est pas question une demi-seconde. Nous convenons d'à peu près tout. Les nouvelles de Nos Amours que je leur ai soumises pour n'avoir pas à choisir sans connaître le public leur ont plues : « Mais c'est sombre, hein ! C'est très sombre ! Â». Y'a longtemps que je ne l'avais pas entendue celle-là… « Ben oui, c'est sombre… Vos étudiants amèneront la lumière… Â» Je m'en sors pas mal en les faisant rire un peu, en désacralisant autant que possible le mythe de l'écrivain. Elles en sont à se demander si les étudiants ne vont pas vouloir me toucher…

 

Je décide de rentrer à pieds de Wu Song Lu, ce qui fait une méchante trotte, en ne faisant aucun effort pour ne pas me perdre… Du coup, je croise la Chine même à Shanghai… L'accent change, Lu qui signifie donc rue/road se termine plus volontiers par un a, un peu comme le g des toulousaings… Wu Lu Mu Xi Luah ! L'anglais est proscrit en vitrine comme ailleurs, les visages sont ceux de la rue, tannés pas seulement par le soleil… Dommage, en quittant le bar hier soir, j'ai donné le Samsung à F pour qu'il photographie ses vélos… Devant moi, un type dont le poids ne suffit pas à enfoncer la pédale tire une carriole tellement lourde que sa femme pousse à l'arrière. Il ne viendrait à l'idée de personne de leur filer un coup de main… Nous sommes en Chine. Je me décide à prendre un taxi qui me dépose devant l'entrée du vieux lotissement colonial de T… Le bouiboui à l'entrée, un placard avec vitrine donnant sur cour, est une fontaine à Tsing Tao jusqu'assez tard dans la nuit… Avec la patronne, on se connaît bien maintenant. Nihao ma ! Nihao ma ! Je les fais marrer, c'est bien. Xu Tao est chez T, on est toujours content de se voir même si T nous est indispensable. Il veut en savoir plus sur le projet Shanghai Style… J'aimerais en savoir autant que je lui en dis…

 

Il était question de retrouver F quelque part en fin de journée pour qu'il me restitue le Samsung. Il rentre demain en car avec le petit personnel tandis que je reste jusqu'à dimanche… Il appelle du Bund, Xu Tao et T décident de m'accompagner. A nouveau le taxi de BD, du 5ème élément à l'Incal… Mais c'est toujours les vacances et, pour le coup, le Bund, c'est vraiment les Champs-Élysées. Cul à cul un bon moment, chaleur, humidité et gaz d'échappement… On peut lire ici ou là que Shanghai connaît de tels problèmes d'énergie qu'il arrive que le jus soit coupé après 21h… On peut comprendre ! Je ne me souviens pas que Time Square soit aussi lumineux. Là, c'est Noël ² sur une promenade qui traverserait Paris de part en part et de chaque côté de la Seine… C'est assez beau, délibérément gigantesque et vitrine du succès du libéralisme totalitaire, un concept que personne n'avait même imaginé – sauf les Chinois… A peine descendu du taxi, c'est l'horreur ! Des mendiants en bandes, en grappes, du gosse à l'éclopé d'une guerre dont il n'aurait jamais dû revenir vu son état, à la vieille femme en larmes… Il se passe alors un drôle de truc : Xu Tao et T m'ouvrent la route comme des body guards… En fait, je suis le seul à porter une chemise et une veste… J'ai l'air riche ! C'est décidément génial la Chine… On finit par retrouver F flanqué de son room mate - après tout ce qu'il a fait pour sa boîte, il n'a pas plus droit à une chambre single qu'à un appareil photo… Il a l'air au bout du rouleau, épuisé par une semaine de salon… On déconne deux minutes sur le fait que les mendiants ne me lâchent pas quand ils ne lui demandent rien. « On est tous les deux déguisés, finalement… Â» Il rentre se coucher quand Ren Yin arrive… On file dans un resto Ouïghour un peu plus chic que le précédent mais pas meilleur… Xu Tao veut savoir s'il doit quitter son boulot maintenant, ce que je propose exactement. Je lui explique qu'on est en train de monter un groupe de rock, que s'il a envie de jouer, c'est bien, que s'il me prend pour un producteur, pour l'instant, y'a erreur...

 

Quand on rentre, Soul Seek a téléchargé le dernier Eels sur mon ordi et c'est un grand bonheur… J'offre un 3Ds Max craqué et un cahier à Xu Tao ainsi que mes croquis d'insomnie. « Let's play, boy ! Just a win-win game ! Â»

 

7/5 – J'ai chopé la crève sur le Bund. A nouveau malade comme un vieux chien… Ma réserve de Nurofen est aussi mal en point que moi. Je frôle l'incident en manquant d'acheter des serviettes périodiques pour des kleenex… Je réagis à un mètre de la caisse, demi-tour discret… En fin de journée, j'aurai fait une bonne dizaine de bornes. Je commence à bien connaître Shanghai centre… Le nez, les sinus, les bottes et le dos, sont aussi pleins que le cÅ“ur est vide, c'est pas la peine de chercher plus loin – sinon après c'est la mer… Je trouve le marché aux puces de la copie sur Huahai, le fameux Xiangyang market… Je ne suis vraiment pas d'humeur à rouler en Roleix, même à 200 balles… Ce qui se traduit par quelques Buyao, buyao ! (J'en veux pas !) assez sonores qui décramponnent les bigorneaux de la contrefaçon. En revanche, je trouve des tee-shirts, chemisettes et pantalons pour que dalle et plus en rapport avec les 40° ambiants que le contenu de ma valise…

 

Le soir, j'obtiens de T et Ren Yin qu'ils me traînent sur Maoming Lu, la rue des expats et des bars dont F m'a tant parlé… Ça dure un quart d'heure, on ne réussit pas à entrer dans le moindre bar. C'est du Hard Rock Café standard avec pétasses nombril au vent déballant de la FM insipide debout sur le comptoir où le glaçon se négocie à 50 rmbs… Rendez-moi les Ouïghours ! On rentre en passant par la Mecque du DVD haut de gamme, ce qui signifie copie safe, sous-titrée, emballage international. 10rmbs pièce… Usual suspect, Apocalypse Now, Jackie Brown, Lost in translation, Le dernier des Mohicans… Malgré la crève, je me cale sur le canapé et fume ma troisième clope de la journée… Je m'endors avec Madeleine Stowe comme le dernier des mécréants…

 

8/5 – Back to Changzhou. Je n'aime déjà pas les dimanches, mais F déprimé, à Changzhou, un dimanche, je ne vais pas tarder à réclamer une pension ! Confirmation en posant mon sac… Bon, faut bien qu'il récupère de la tension du salon… Je monte tester la clim installée en mon absence pendant qu'il aide J à planter deux anémones dans la demi-table de ping-pong qui fait office de jardin… J'appelle mes parents pour les rassurer autant que possible, puis Dimi pour savoir où il en est de cette foutue adsl… Je sais par mon père qu'il se plaint de mes deux coups de fil à son frère et pas un à lui. Pas un Asc Lion pour rien, d'ici qu'il s'interroge sincèrement sur son propre comportement… Il fait donc la gueule, au moins cinq minutes, ce qui fait assez chère à partir d'un portable, puis le déclic se fait quand il me dit avoir rêvé qu'il débarquait chez moi. Du coup, nous spéculons sur une vie de rêve à Shanghai, nababs du textile, etc. Nous nous quittons sur les habituelles promesses de keep in touch… Espérons que les protections dont il bénéficie depuis le début le suivront jusqu'au bac et que l'absence de toute inscription à quoi que ce soit déclenchera un sursaut salvateur. Ce qui fait beaucoup de si…

 

9/5 – Pas loin de 40°, à l'intérieur comme à l'extérieur. Je baigne dans mon jus. J'envoie ayi me chercher des médicaments. Elle m'a déjà dégoté une pommade miracle pour mon eczéma au pied relancé par la chaleur et la transpiration… Disparu en trois jours ! Je range, classe, fichiers, DVD, cd, e-mails, fringues propres, sales, etc, bref, je me rassure comme je peux, fais semblant d'avoir le contrôle de la situation… La très mauvaise surprise, c'est que l'installation de la méthode de chinois plante la plupart des autres programmes. Elle n'existe pas du français vers le chinois, c'est donc une version anglais/chinois et l'anglais ne comporte pas d'accent. Ce qui fait que dans tous mes programmes, la moindre lettre avec accent est remplacée par un signe chinois… Injouable. Je désinstalle en me disant que j'ai probablement rdv avec une charmante étudiante de français qui m'enseignera le chinois en même temps que le langage des signes. C'était il y a une vingtaine d'années : « La dame de Shanghai m'a fait l'amour en braille… Â» Ayi me dépose la dope sur mon bureau en m'expliquant probablement la première époque Ming vue de la canonnière du Yang Tsé. On s'en sort en body language et dès qu'elle a le dos tourné, je double la dose qui glisse mieux avec une Tsing Tao. Une douche plus tard, je ne tiens pas en place et saute dans un taxi pour Yanling Xi Luah ! Le type me regarde comme si j'étais de chez lui et me raconte un truc assez long avec le sourire… Sorry, man… Don't speak chinese. The fucking program doesn't fit on my diannao… Je suis un peu stoned pour tout dire… Je passe par le petit magasin de DVD où un gamin parle l'anglais. Une surprise m'attend… La semaine précédente, j'étais venu voir s'ils n'avaient pas le dernier Springsteen… Le gosse avait mal pris que je lui dise, « Pas grave, je pars à Shanghai, je le trouverai là-bas… Â» « No good, Shanghai, no good ! Better in Changzhou… Â» A Shanghai, je n'ai trouvé ni Eels, ni Springsteen, ni rien… Le rock ne passe pas en Chine, à l'exception de quelques Cheyennes comme ceux du bar, ils en sont au sirop international dans le meilleur des cas. Et là, le gamin me voit entrer dans la boutique, contourne un pilier deux secondes, et revient avec le dernier Springsteen scellé nickel (10rmbs/1€ !) et toujours ce beau sourire qu'ils ont… En prime, je trouve trois Cassavettes !

 

Le Springsteen, Devils & Dust, est un authentique chef-d'œuvre, peut-être même supérieur à Nebraska. Autant j'ai un peu de mal avec la grosse cavalerie du boss et du E Street band à l'aise dans les stades, autant le Bruce intimiste me parle… Là, c'est du grand art, simple, dépouillé, humble et talentueux, une alchimie rare.

 

Le soir, discussion assis dans l'escalier. F est encore à booster… 

 

Je me couche tard, sirote une ou deux bières en regardant des extraits de DVD, télécharge ce qui me passe par la tête sur Soul Seek. Immense plaisir, gigantesque madeleine, à retrouver The Saints, perdus du côté de Brisbane vers 77/78 ! Bon Dieu, ce que je fumerais bien une clope !

 

10/5 – Il est aussi question de se mettre au boulot, de finaliser ce qui a été ébauché dans les bureaux de l'AFS. Je bâche ça dans la matinée, puis décide d'utiliser le Samsung au cas où je trouverais l'énergie de ce blog qui me tente… Je sillonne le no man's land de Changzhou une bonne heure à vélo, m'arrête le temps d'un clic, mais n'ose pas les portraits. Je fais vraiment trop toubab, il me manque une centaine de mots pour que ce soit jouable, pour un minimum de respect… Everything's in time…

 

Je rentre et me décide à m'attaquer au Scribatorium, c'est à dire au moins deux jours de bureau sur chaise en bois… Seule mon immense compassion pour la postérité autorise un tel effort…

 

11/5 – Je passe donc la journée scotché à la planche, à rattraper les anecdotes, casque sur les oreilles, Sprinsteen, Eels, J. Fogerty, Toots, Saints, en boucle… Surtout, la décision de mon installation à Shanghai ayant été prise la veille au soir, j'appelle les agences immobilières dont les coordonnées étaient à l'AFS et envoie un mail à T pour qu'il active son Chinois bien placé dans le quartier de la concession française. Le processus semble donc enclenché...

 

Petit soucis : la dizaine de clopes fumés à Shanghai en une semaine a réactivé cette saloperie de dépendance qui n'est jamais plus vivace, sensible, qu'au moment d'écrire… D'autant plus que des patch à 21mg, je suis passé à 14 et maintenant 7mg… Je repars donc sur mon programme thé vert/granules en serrant quelques peu les dents. Tant que je serais au couvent à Changzhou, ça ira…

 

12/5 – Il est 14h30, je suis à jour de ce carnet… La crève est quasiment terminée, j'ai gagné un tour en ville en attendant le rdv de ce soir…

 

13/5 – Rdv très instructif avec un UK businessman installé ici depuis 18 mois… D'autres rdv à suivre avec ses contacts chinois… Pour aujourd'hui, mon seul objectif est une heure de cours avec Yan Lin pendant sa pause… Mon chinois stagne et c'est franchement pénible !

 

Vendredi 13 mai 2005

 

Il a plu toute la journée… Une heure de cours gratuit offert à Yan Lin au Milo Café… Écouter de la musique, jeter un coup d'œil à la boîte de réception, à deux ou trois sites Internet. Mortel d'ennui… La soirée ne s'annonce pas mieux…

 

Samedi 14 mai 2005

 

Passé une bonne partie de la nuit avec Gangs of New York et Spiderman2… Au moins, le Scorcese est-il un grand film. Mais Spiderman se regarde aussi… Au pire, je pourrais toujours dire à mes petits enfants qu'à un moment de mon existence, j'étais tellement paumé que je suis allé acheter des DVD en Chine… L'encyclopédie Encarta me sauve la mise, je ne suis pas près de venir à bout de toutes les entrées ! Si au moins j'avais une idée du temps de réclusion restant ! Mes petits paramètres décalés annoncent 2006, voir fin 2006… Vu d'ici et maintenant, ça sonne perpète!

 

Dimanche 15 mai 2005

 

Nous avons tenté notre chance en ville, hier soir. D'abord un petit pub planqué, planté aux pieds d'immeubles… Une adresse refilée par un expat dans la métallurgie lors du dernier dîner… Mis à part quatre ou cinq affalés sans vie, pas un chat. Un verre plus tard, sur les recommandations du barman, nous mettons le cap sur le Red Pub, haut lieu paraît-il du Saturday Night Fever local… La Chine est un pays difficile à appréhender. Tout est toujours décalé. En croisant les dernières séries 7 de chez BMW, en achetant des DVD de films même pas encore en salle, en sillonnant les grandes artères du libéralisme à Shanghai, et même certains centres commerciaux dédiés au luxe, aux marques, à Changzhou aussi on est à NYC, Montréal, Paris, Berlin, Madrid, Londres, Sydney, n'importe quelle mégalopole qui fait la richesse des uns, la pauvreté des autres. Ici, la dichotomie est hurlante. La classe moyenne est à peine en train d'émerger. Elle n'est ni plus ni moins brillante que ses collègues planétaires, elle est seulement très attardée, notamment en terme de musique, de goût, de repère vestimentaire, d'attitude. En montant l'escalier du Red Pub qui débouche face au grand comptoir - abreuvoir d'une vaste salle assez bien remplie, on se croirait volontiers au début des années 80, période post-disco, pré-techno, soit d'énormes boîtes à rythme martelant d'insupportables riffs de synthé. Tout le monde est ravi, voir extatique, ce qui se conçoit aisément puisque dix ans plus tôt, il n'y avait rien… A l'évidence, nous sommes et serons les seuls occidentaux… Indifférence, hostilité, sympathie, au choix, comme partout… La moyenne d'âge est peut être de vingt-cinq ans. Si l'assemblée est franchement ringarde, certaines filles sont jolies, fines, douées d'une forte personnalité, certains garçons ont l'air éveillé, sont grands, cheveux longs, bref, la relève du chauffeur de taxi qui nous a conduit en ville avec un médaillon de Mao accroché à son rétro est bel et bien là. Alors pourquoi cette musique de merde ? L'une des réponses est économique et politique : autant il est aisé d'obtenir une licence d'exportation à partir de la Chine, autant les pires difficultés, jusqu'au blocage, sont à prévoir pour importer quoi que ce soit – corollaire cohérent de la proie prioritaire de tout totalitarisme : l'information. Ai-je déjà rapporté dans ces pages les premières recommandations de l'AFS après accord de principe pour une conférence? « Bien entendu, vous n'évoquez ni Taiwan, ni le Tibet, ni le Japon, ni le sida… Â» Je crois que les vieux DinoStones n'ont jamais obtenu l'autorisation de jouer en Chine. Ce serait pourtant l'heure de Kurt Cobain, place Tien Anmen… Ce soir au Red Pub, nous entendons les maquettes que Jean-Michel Jarre ébauchait déjà sur son premier synthé à 14/15 ans, préparant le Pékin de l'ultra libéralisme planétaire, technologique, rutilant, rentable, quelque peu obscène, c'est à dire massivement irrésistible… Une heure et deux Corona plus tard, le taxi nous ramène au bercail où je me réconforte avec le dernier Eels et un live de Paul Weller téléchargés sur SoulSeek…

 

Rimbaud à Harrar : « Je m'ennuie. Je crois bien que personne ne s'est jamais autant ennuyé que moi… Â» Et il était à Harrar pour d'aussi mauvaises raisons que je suis à Changzhou – la qualité de nos littératures respectives n'ayant plus à cet instant aucune espèce d'importance. Pas de place, pas de lieu, pour l'homme dont l'art n'est que l'expression d'une incarnation trop étriquée pour l'intensité de son idéal… Calaferte en a très bien parlé à propos de Van Gogh et de Hölderlin. Bon Dieu, ce que tout ça est déjà loin !

 

Le projet de l'Inde me fait rêver. Venir en Chine, oser le voyage sans date de retour, a libéré le Sagittaire captif du Capricorne. Vertigineusement déraciné, je me verrais bien désormais passer d'un avion à un autre, d'un pays, d'une résidence, d'une saison, d'un hôtel, à un amour aussi intense que furtif, à une mission inattendue, bénévole, qui elle-même rebondirait sur un deal quelconque mais juteux, ailleurs, toujours ailleurs, puisque de nulle part… L'Andalousie, le Maroc, San Francisco, le Dolpo, Saigon, Budapest, le Costa Rica… Compensation des années de sarcophage.

 

Eu Jorm' longuement via le Skype de Lauzières… Il est heureux, amoureux, mais tendu, inquiet, insécurisé par le manque d'argent et les responsabilités qui l'attendent quant à son installation avec Del à LR en septembre. Je me souhaite un soupçon de réussite ne serait-ce que pour avoir les moyens de l'aider un peu… C'est dans ces moments-là que l'on conquiert ou perd, durablement, confiance en la vie. C'est important de se sentir soutenu à vingt ans. Au-delà des mots…

 

Lundi 16 mai 2005

 

Ce qui me manque ? Préparer le dîner pour les gosses… Faire traîner l'apéro en discutant accoudé au bar… Télérama… Passer la soirée avec de rares amis amateurs de bordeaux… M'occuper de mes chats… Piocher au hasard dans ma bibliothèque… Donner rdv à Jorm' pour boire une bière sur le port… Une série TV au milieu d'une nuit sans sommeil… 

 

Meeting ce midi avec une Chinoise collaboratrice du UK businessman, supposée tout connaître du droit et de son coût… Si l'on s'en tient à ce qu'elle dit, on peut plier bagage. 200 000 U$ avant de commencer quoi que ce soit, plus 40000 rmbs de je ne sais quelle taxe, plus encore 10000 pour autre chose. L'office ne peut en aucun cas être un appartement, etc. C'est son sourire qui m'a gêné, elle semblait contente que rien ne soit possible en Chine… Autant dire que F est à ramasser à la petite cuillère. J'espérais que ce rdv me permettrait d'arriver informé à la CCI ou à la Mission économique… Tant pis, j'irai la fleur au fusil. L'après-midi a passé en mails et téléphone, notamment quant à mon visa qui expire le 9/6, c'est à dire dans trois semaines. Je devrais pouvoir obtenir un visa business de six mois pour 1500 rmbs, à Shanghai évidemment. D'ici là, mieux vaut que je ne sois pas contrôlé par les flics de Changzhou, puisque l'on est censé se faire enregistrer auprès de la sécurité publique au bout d'une semaine de séjour. Ensuite, l'amende fluctue de 100 à 500 rmbs par jour de retard… Je leur dois donc théoriquement entre 3000 et 15000 rmbs !

 

Discussion fructueuse ce soir avec F. Avec le jeu qui est entre nos mains, tout est possible. Il faut juste en vouloir terriblement, prendre des risques, miser, défoncer les murs de la bureaucratie totalitaire libérale, y croire nuit et jour, make the dream comes true… And get this fucking roof over my head !

 

Mardi 17 mai 2005

 

Nouvelle expérience en taxi : la conductrice prend un chemin sans rapport avec ma destination… Nous sommes donc extrême file de gauche à un feu rouge avec beaucoup de voitures en face et pas mal de cars et de camions sur notre droite. Si le projet est de squeezer tout ça pour aller tout droit, je le sens très moyen… Je lui demande Yanling Xi Lu ? en indiquant tout droit de la main… Méio, méio, et elle m'indique la gauche… Non, non, ma chérie, Yanling Xi Lu, c'est tout droit… Evidemment, j'ai droit à la messe ! Et puis elle a les yeux qui se mouillent, joint les mains comme une catho précisément à la messe… « Bon okay, vas-y tourne !,Mais je te préviens, le compteur, t'oublie ! Â» Je lui montre les 13 rmbs déjà affichés, elle m'assure qu'on s'en fout du compteur - « méio, méio Â» - dans lequel elle met des coups pour qu'il s'éteigne mais sans y parvenir. Je me vois déjà dépouillé de mes 300 balles et de mon froc, pendu par les pieds à un arbre en rase campagne – comme quoi je déconne à fond, il n'y a ni campagne ni arbre… On se retrouve quand même dans un quartier que je ne connais pas, l'un de ces districts où s'organisent tant bien que mal ceux qui construisent le règne en skaï blanc du régime. Il existe quelques photos de la ville en bois à La Rochelle, immédiate après-guerre ou entre deux guerres, où l'on voit des espèces d'apaches pieds nus sur de la terre battue devant des baraquements, en train de plumer de la volaille. Ici, les clapiers ont désormais la clim mais on bricole toujours à même le pavé… Le taxi s'arrête, la femme me fait comprendre de ne pas bouger et descend de la voiture. Bon. A mon avis, le dernier blanc bec qu'ils ont vu dans le quartier, ils se sont tricoté un pagne avec ses cheveux… Un mec se pointe et échange quelques mots avec ma chauffeuse comme si tout ça était bien normal… Il s'installe au volant après avoir jeté son journal sur la banquette arrière et du regard me demande où on va. Le compteur affiche 17, c'est à dire que, dans le pire des cas, on est arrivé. « Yanling Xi Luah, goddamit ! Â» La vie est dure, chacun le sait, soyons donc positif autant que faire ce peut, and so on… Reconnaissons que sur un plan ethnologique, le détour vaut le coup. Car bien entendu, la Chine n'a rien à voir avec les vues imprenables sur tours de verre vendues à l'Occident. Dans ce quartier de Changzhou, on est plutôt du côté de la banlieue de Roubaix-Tourcoing années 60 que des Champs-Élysées… Quand on aborde enfin Yanling Xi Lu et les trois grands palmiers qui signalent l'entrée des Quatre-Temps locaux le compteur est à 24. Il fait super chaud et humide, mon tee-shirt me colle à la peau, je suis allé au fitness ce matin et je n'ai rien bouffé de la journée… Fais-moi chier et je te jure que le compteur, tu le bouffes à la virgule près… Calmement, je sors mon carnet. J'écris 24.00, barre le nombre d'une croix très appliquée, écris 14.00 à côté et souligne… « Maï Tan, okay ? Â» Maï Tan, c'est l'addition au resto… Nos regards se croisent une demi-seconde et le chauffeur parle immédiatement le y'a pas de problème, toujours avec ce sourire qui finira par conquérir le monde bien plus sûrement que le surnombre…

 

Miguel Torga – Montalegre, 1er septembre 1990

« Ils étaient jeunes, m'ont abordé, aimaient ce que j'écris et voulaient savoir des choses. Quel était mon secret ?

- Être fidèle à moi-même en toute occasion et situation. Me refuser à voir le monde par les yeux des autres, ne jamais pactiser avec le lieu commun. Â»

Comment ne pas souscrire ? Et comment cohabiter ?

 

Mercredi 18 mai 2005

 

Journée de fourmi besogneuse, créative, tournée vers l'avenir en s'efforçant d'y croire malgré de violents vents contraires… Trois mails et un coup de fil ont ramené les 200 000 $ d'hier à 140 000… Rdv mercredi matin à Shanghai. Un logo pour des Indiens, une demi-heure à la salle pour éliminer la Tsing Tao, un aller-retour diannao chung pour des CD-RW et la journée a passé, toujours aussi improductive, attentiste, latente, un claquement de doigt, un battement de cils, interminables…

 

Dîné chez Milo où je me suis excusé auprès de Yanlin pour avoir séché son cours de lundi sans donner de nouvelles depuis... Ces gamines sont toutes adorables, charmantes, souriantes d'un naturel qui remercie un regard, une attention… Leurs clientes, particulièrement les femelles parvenues, les traitent comme de la merde, pas un xièxiè, rien. Finalement, je suis peut-être plus maoïste que le parti en question… Comment ça, ils vont nous traiter comme de la merde ? C'est international : dès qu'ils s'en sortent, ils ne supportent plus de se croiser dans le miroir de leurs origines… J'ai cet avantage, cette chance, depuis des années pour ne pas dire toujours, d'être un va nu-pieds qui roule en Rolls… Ça me laisse près des gens.

 

Les Chinoises aiment les talons hauts, portent des talons hauts, sont femmes dès qu'un soupçon de confort social leur en donne l'occasion… Vieux débat : sont-elles dominées par le mâle et son fantasme ? Oui, sans aucun doute. C'est à l'évidence le meilleur moyen de le contrôler, le mâle… Je te tiens, tu me tiens par… Pourquoi s'emmerderaient-elles à faire de la politique quand des bas influent sur un discours, des escarpins sur une promotion ? Le top du pouvoir occulte revenant à la mère qui a pu/su rester femme – là, on passe au tatouage, à l'engrammage définitif dont le tour a été fait de Freud à Naouri… Et si, de surcroît, le pouvoir excite la dame… JayLo présidente des Etats-Unis sans le moindre problème… Au premier tour et sans même faire campagne ! Cette bonne vieille Terre n'est qu'un réservoir hormonal ! Le monde aime le beau, au moins le séduisant, jusqu'à la connerie ! Sinon, comment admettre qu'un Chirac soit élu et pas un Waechter ou un Rocard ? La politique est une affaire de playboys et de call girls pas de curés ni d'instituteurs ! Le peuple a besoin de rêver que diable ! Quand on pense qu'un Berlusconi dirige un pays, en contrôle tous les médias ! Qu'on leur donne du pain et des jeux et, désormais, de la pub entre les deux… Nous nous sommes vaincus nous-mêmes, l'image a gagné sur le texte, la forme sur le fond. Autant que les femmes soient belles à regarder…

 

Les Chinois en sont donc là aussi, mais souffrent encore d'aberrant complexes… Les 4X3 planétaires vantant toutes sortes de produits, affichent ici des blancs, des occidentaux promotionnels. Gong Li ou Maggie Cheung, de ci-delà, quelques rares actrices Hong-Kongaises (identifiées par T), mais, pour le reste, du blanc bec à la pelle en tant que miroir de la consommation. D'ailleurs, quand on se promène dans la rue, un centre commercial, et plus encore dans les ghettos, on est fréquemment dévisagé, envisagé comme descendant (dans tous les sens du terme) d'une affiche, d'une icône… Peut-on imaginer Moscou, Rome, Milwaukee, couvertes d'affiches de mannequins asiatiques nous vantant des produits internationaux ?

 

Un Barbare en Asie… Michaux, bon Dieu Michaux ! L'aigle opiacé… L'Å“il et la distance, le contact et le recul. Le maître de l'aventure solitude qui allait encore prendre le pouls de l'absolu au chevet de Joë Bousquet… Est-ce que c'est le renoncement qui a pourri la jambe d'Arthur pour qu'il cesse d'avancer dans la mauvaise direction ? HM est mort à plus de quatre-vingts ans, en accord avec lui-même, au plus près du vide qui nous remplit…

 

Jeudi 19 mai 2005

 

Les logos pour ALC m'ont pris la journée entrecoupée d'une séance de machines à éliminer la Tsing Tao… Quelques mails… Anne qui m'a encore traversé l'esprit pour je ne sais plus quelle déraison… Fini aussi de rerevisionner Jackie Brown qui m'avait agréablement bordé la nuit précédente… Une journée de solitude solitaire, de réclusion dorée, musicale, imagée, égarée au bout du monde, là où le sens se perd, et probablement se trouve… Quand ?

 

Captif de mon isolement, la Chine m'échappe…

 

Vendredi 20 mai 2005

 

C'est ahurissant, je peine à m'y faire! Que ce soit au Shangrila, au Milo Café, à la salle de fitness, je suis accueilli comme un nabab, un mec qui en a mais pas forcément au sens Hemingway/Hawks… Le dollar buddy, le dollar ! Pour être raccord avec Henry, le fils d'allemand devenu chinois du Bowery échoué à Clichy, il faudrait que je baise et que j'écrive ma Crucifixion en rouge… Heureusement, fort heureusement, au-delà de nos préjugés réciproques, de vrais contacts, de vrais sourires, l'honnêteté du cÅ“ur, du regard, celle qui ne trompe pas, qui fait qu'on se trouve, se retrouve, n'importe où, au bout du bout du monde, remettent les pendules à l'heure sans tenir compte des fuseaux horaires. C'est à cet endroit agéographique que l'on se co-naît, que l'on sait appartenir définitivement à la même aventure insensée, que l'on a l'intelligence, le bon sens, quelque soit le degré d'étude, de ne plus en douter. Les gardes à l'entrée du lotissement, des mômes, des millions d'étincelles dans les yeux quand je les reconnais du fond du cÅ“ur, quand je m'assieds avec eux tard le soir et que l'on bavarde avec un capital commun de trois ou quatre mots; Yanlin quand je la gronde « No more little Yanlin, okay ? Yanlin is great ! Â»â€¦ Ses yeux se mouillent et son xièxiè durera quelques générations… Y'a pas de dollars pour acheter ça. On a la richesse qu'on peut… Hormis mes fils et quelques passages égarés comme leur auteur parmi quelques milliers de pages, il n'y a que de ça dont je sois fier… Ces gens m'accordent ce que mes fantasmes égotiques n'étaient pas en mesure de m'apporter. C'est ni plus ni moins le vrai salaire des intervenants de l'humanitaire. Personne ne donne jamais que pour recevoir…

 

Dimanche 22 mai 2005

 

Hier soir, nous avons encore passé un cap dans le délire à la chinoise… Au sortir d'un restaurant brésilien du centre ville où la viande est un pur délice, F et moi avons mis le cap sur le Casablanca Night Club, sur Yanling Xi Lu… Hormis le néon signalant l'entrée, la porte passée permet tous les doutes puisque nous nous retrouvons dans une cage d'escalier tout à fait raccord avec celle d'un immeuble de banlieue. Pas d'ascenseur, pas d'indication, nous montons… Un étage, deux étages, toujours pas d'issue, trois étages, pas le moindre son, quatrième étage, nous croisons une femme qui descend, au cinquième nous poussons une porte coupe-feu et débarquons enfin dans une vaste salle archi-bondée où l'électro-techno des années 80 fait autant de bruit que la semaine précédente. La différence cette fois-ci, c'est la scène où des jeunes femmes assez bien faites semblent se prêter à un concours pour lequel il ne manquera que Jacques Martin et les Véronique & Davina de sinistre mémoire… Le public est plutôt quadra/quinqua néo-beaufs, visiblement éméché. Une hôtesse se jette sur nous avec un sourire à la super-glue et la douceur d'une descente de police. La lutte est rude, nous obtenons une Corona et un Bayley's à un prix fou et nous délivrons de la gorgone pour accéder à un canapé rouge, peut-être à pois, sûrement à taches, right in front of the stage. Malgré toute notre bonne éducation, on ne peut s'empêcher d'éclater de rire. La régie vient d'envoyer les effets spéciaux, c'est à dire que des bulles de savons et des confettis neigeux tombent sur la malheureuse en train de bramer dans son micro, les yeux perdus sur un ciel lointain où est retenu l'amour de sa vie… Une petite demi-heure désÅ“uvrée un samedi soir à Changzhou, c'est amusant… Nous nous retrouvons donc dans la rue, en quête d'un endroit, d'un lieu, genre aujourd'hui sur la terre, avec des gens à rencontrer, à qui éventuellement parler… F se souvient vaguement d' Â« un bar avec des lumières bleues, il me semble que c'était sur Yanling Xi Lu… Â» Il fait bon, pas trop humide, presque un soupçon d'air frais à moins de 30° si on fait bien attention… Je sais qu'il reste de la Tsing Tao dans le frigo, je propose qu'on rentre et qu'on se fasse un DVD… C'est à ce moment-là que les martiens attaquent… Enfin, il faut toujours que j'exagère, il est tout seul ! Hellowdoyoudo… Un type à moto, casque de chantier sur la tête, nous sourit d'une grimace renversante en calant sa vitesse sur la notre, le long du trottoir… F le branche aussitôt sur son bar à lumières bleues ! Des pourparlers s'engagent auxquels évidemment je ne comprends rien, si ce n'est que comme d'habitude, chaque mot peut demander un certain nombre de précisions quant au sens (pré)supposé… Je m'assieds donc sur le rebord du trottoir pendant que F négocie je ne sais quoi… Soudain, « Amène-toi, papy, il connaît un truc… Â» (F a décidé de m'appeler papy depuis que je lui ai dit que c'est ainsi que m'avait baptisé Denis, mon p'tit frère de toute éternité, meilleur pote d'infortune et du reste, et accessoirement frère de la seule femme que j'ai vraiment aimé au cours des vingt dernières années…)

-         Comment ça, amène-toi ?

-         Ben ouais, il nous emmène !

-         Qu'est-ce que tu me chantes, on va pas monter à trois là-dessus !

-         Mais si, viens ! Il connaît un bar avec de la super zik et des poules de rêves !

-         Tu m'étonnes ! Et c'est sa grand-mère bretonne ascendant mafieuse qui tient la caisse, je parie !

-         Allez, papy, décoince ! On va faire un tour…

-         Putain, je te préviens, tu montes au milieu !

Il est quelque chose comme minuit, on est trois sur une 125cc chinoise dont le garde-boue arrière touche le pneu au moindre cahot. Mon ego mégalo envisageant assez facilement la vie au fond d'une limousine avec les fameuses poules de rêves promises par F, ma bouée de sauvetage essentiellement gonflée à l'humour bouddhique sait apprécier ce genre de leçon… Je me marre tout seul à l'arrière de la bécane, sillonnant des artères inconnues, écoutant d'une oreille les échanges entre le conducteur et F. On n'a pas de casque, je suis en infraction depuis une quarantaine de jours, on croise les flics, tout le monde s'en fout, c'est la Chine et on est samedi soir comme n'importe où, donc y'a un billet à prendre pour les uns les autres pourvu qu'au bout du compte, ça le fasse pour tout le monde… Notre motorcycle boy nous lâche à pétaouchnok à l'entrée d'un KTV qui devait déjà puer la mort au temps de sa splendeur… Des fanions merry christmas accueillent le client à l'entrée… On réveille deux gus endormis dans leur assiette de raviolis au fond d'une arrière cuisine ! Ils en sont à chercher l'électricité pour nous conduire à l'étage… Ce n'est ni une image ni une quelconque exagération, nous sommes absolument seuls dans le bâtiment ! On se croirait chez Bilal après la chute du mur… Une défunte RDA quelques semaines après la fuite des mafieux de la nomenklatura… F jette un regard à notre hôte, tourne les talons sans un mot et on sort. L'homme à la moto nous attend, sourire invariable, guettant sa com… F explique au type que s'il veut passer de 5 à 10 rmbs, il va falloir qu'il fasse un gros effort et arrête de nous prendre pour des cons ! Une idée semble éclairer son regard… Nous voilà repartis en motocyclette ! L'idée d'un remake quelque peu décalé de La grande vadrouille ne m'avait pas encore traversé l'esprit, mais là, j'avoue… Au fond du fond d'une impasse en cul de sac derrière le dernier bâtiment d'une cité désaffectée, un parking et des voitures d'aujourd'hui avec des gens d'aujourd'hui qui en descendent… Comme toujours, moult courbettes à l'entrée, accompagnement spécial tocards à dollars, « T'as raison ducon, pose-moi là, ça ira comme ça Â»â€¦ Re-Coronna, re-Bayley's, mais la musique a gagné dix ans ! On est très nettement passé dans les 90's ! Et on s'emmerde toujours autant ! Une demi-heure plus tard, on est en train de déconner avec les gardes à l'entrée du lotissement…

 

Lundi 23 mai 2005

 

Départ à Shanghai demain sans la moindre visite d'appartement au programme… D'autres rdv aberrants pour venir à bout du fatum… Pourtant, quelque chose me dit que cette semaine va être déterminante… Que sera, sera !

 

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16/02/2007
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