Jeudi 28 juin 2007
Stolen life - Karaula
Stolen life de Li Shaohong tiré du roman d’An Dun… Primé à Tribeca, présent à Vancouver… Une jeune fille pauvre décroche l’entrée à l’université, sésame de toutes les réussites, part avec 500 kwais en poche, tombe amoureuse d’un livreur qui porte le même improbable bonnet camouflage, se retrouve enceinte, abandonne l’université qui la met dans l’obligation de choisir entre son enfant et ses études, découvre que le père est un séducteur d’étudiantes qui revend ensuite les gosses… Elle ne se suicide pas mais a enfin compris le sens de la vie : méfiez-vous des hommes et du sexe, admettez que la tristesse terminale qui vous est infligée dès l’enfance l’est pour votre bien et celui de la société harmonieuse. La condescendance des occidentaux qui récompensent ce genre de bourrage de crâne ultra-conservateur à destination des étudiantes chinoises, généralement issues de la classe moyenne et de plus en plus sollicitées/attirées par une liberté de penser, d’agir, d’être, est une catastrophe culturelle, humanitaire. Le programme officiel d’une jeune Chinoise en 2007 exige qu’elle reste vierge jusqu’au mariage, qu’elle se consacre à ses études, et qu’elle se marie à 25 ans pour cesser d’être une charge familiale et qu’elle puisse, au contraire, supporter ses parents alors proches de la retraite. Elles sont de plus en plus nombreuses aujourd’hui à ne plus suivre cette dictature morale qui semble tirée des plus violentes satires de… Molière ! Si la jeune femme ne trouve pas de mari respectable (respect uniquement proportionnel aux revenus du type en question), les parents lui en trouveront un, organiseront les rendez-vous après enquête de voisinage, etc. C’est évidemment beaucoup plus sûr, avec tous ces salauds concupiscents voleurs vendeurs d’enfants qui traînent dans les rues… C’est non seulement le discours du Parti mais aussi celui de la morale confucéenne, le premier reposant sur le deuxième, l’ensemble ne fonctionnant que par l’absence quasi totale de contre proposition - si ce n’est Sex and the city ou Desperate housewives disponibles sur le web en tant que contre-exemple édifiant de ce qu’est la vie des martiens qui peuplent la terre non Chinoise… La répression est inutile. Le bonheur, le plaisir, la liberté sont culturellement aussi dangereux que coupables, la chasse gardée des étrangers irresponsables qui envahissent l’Irak (tout amalgame bienvenu !), et tu paieras l’addition seule ma fille ! Vendu et acheté comme représentant une réalité féminine/féministe, ce film est une escroquerie morale qui fait et fera davantage de victimes que juin 89… Pas de sang, pas de victimes innocentes, juste le venin de la culpabilité lentement distillé dans les consciences depuis soixante ans…