Le temps d'un passage

Shangwai sur Seine

 

 

 

 

 


 

Shangwai Sur Scène/Seine

Scène 1

En classe, quelques minutes avant le début d'un cours. Les étudiants bavardent. Alix se lève, son portable à la main.

Alix : Ecoutez, s'il vous plaît ! Message de la prof qui ne vient pas aujourd’hui... (coup d’œil sur son portable) ..."tête lourde comme du plomb, du mal à tenir debout..."

Bérengère : C’est vraiment mon jour de chance ! Je n’ai pas encore commencé l'exposé...

Robert : Moi non plus ! Ce serait super cool si elle avait toujours du mal à tenir debout demain, après-demain… Toute la semaine, en fait!

B : On va manger quelque chose ? J’ai pas encore pris mon petit-déjeuner...

Ax : Doucement... Il vaut mieux rester ici... Sinon, je vais me faire tuer par la surveillante...

: S’il te plaît... On revient dans une minute hein ?

Ax : OK... Cinq minutes...

: Super ! Je t’embrasse... (Elle va pour sortir avec Robert)

Ax : Vous me permettez de finir, d'abord ? La prof souhaite... SOUHAITE qu’on emprunte quelques titres à la salle d’en face, ou bien qu’on rattrape les exercices manqués, ou bien qu’on prépare la nouvelle leçon... bref, qu’on potasse le français...... Christelle n’est pas là ? Qu'est-ce qu'elle a?

B : Aucune idée... Un rendez-vous peut-être... C’est son anniversaire aujourd’hui.

Ax : Ah bon ?! Pourquoi je ne suis pas au courant...

R : Un rendez-vous avec qui?

Christelle (entrant, essoufflée) : Je suis désolée, madame... Mon réveil n'a pas sonné et, dans la panique du retard, j'ai perdu mes lentilles de contact, ce qui fait que je suis quasiment aveugle, il m'a fallu 20 minutes pour venir du dortoir au lieu de 5 minutes d'habitude... Je suis...

Ax (imitant le ton de la prof) : Je regrette, c'est inexcusable ! Alors… chanter ou danser ?

(Tout le monde rit aux éclats.)

Ch (s’approchant du bureau) : Je vous assure, madame... Ça ne se reproduira pas...... (voyant Alix) Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ?

Ax : Prof remplaçante... Tu as de la chance, elle ne vient pas aujourd’hui... Joyeux anniversaire !

Ch : Tu te souviens de ça ?! J’en suis ravie ! Merci ! (s'asseyant à côté de Bérengère) J'aurais pu faire la grasse matinée...

(Robert se lève discrètement et sort de la salle de classe en faisant signe à Alix de ne rien dire, qu'il revient)

B : Joyeux anniversaire, flemmarde! Tu es super sapée, aujourd'hui! Tu sors ?

Ch (mystérieuse) : Peut-être... Et mon cadeau ?

B : Ah... un petit truc tout à fait à ton goût ! Il est dans ma chambre, je te le donnerai plus tard. Alors, vas-y, raconte !

Ch : Il vient me chercher après le cours. On va faire un peu de shopping et dîner ensemble au 56e étage de la Tour Jinmao...

: Attends, attends... De qui tu parles ?

Ch : Xavier, mon homme d’affaire français, bien sûr ! On s’est croisés tous les trois dans la rue une fois et je te l’ai présenté !

B : Ah lui ! Le vieux, en costume-cravate, tout en or et argent de la tête aux pieds ? Je croyais que tu lui apprenais le chinois pour mieux pratiquer ton français?

Ch : Exactement, mais tu sais... ça peut se développer...

B : Robert est au courant ?

Ch : Robert? Tu le vois quelque part? Hein? Tu le vois? Le jour de mon anniversaire…

B : Il était là, y'a deux minutes! Il a dû aller chercher quelque chose à manger…

Ch : Écoute, il est bien gentil mais pour mon anniversaire, je préfère la Tour Jinmao à un déjeuner de plus chez Mimi Fan… Et pareil pour tous les jours, d'ailleurs!

(Bérengère sceptique, observe Christelle qui commence à se maquiller. Alix est installée au bureau du prof et potasse ses cours sans s'occuper d'elles.)

B: Tu te maquilles pour l'Opéra de Pékin?

Ch (interrompant son maquillage pour fouiller dans son sac dont elle sort divers objets tels que lunettes de soleil, porte-feuille, etc.): Et ça? Gucci… Et ça? Dior… Et ça? Prada… C'est l'opéra de Pékin? Il faut savoir ce qu'on veut dans la vie!

R (entrant une rose à la main): Zhu ni sheng ri kuai le… (Bérengère et Alix chantent avec lui)

Ch (gênée puis se levant) : Oh, merci… Merci, Robert. C'est très gentil… Vraiment, tu es un très bon camarade…

(Un livreur entre, portant un énorme bouquet de roses. Il dit simplement le nom chinois de Christelle qui lève la main… Le livreur dépose le bouquet sur la table de Christelle et lui tend un reçu à signer. Il sort, tout le monde est scotché…)

R : Qui est-ce qui t'envoie ça?

Ch: Je sais pas… Peut-être le patron de cette boîte française où je fais régulièrement mes stages… Il est très généreux… Ah, il y a une carte… (sortant la carte d'une petite enveloppe)

(Robert lui prend la carte des mains et lit…)

R : "Joyeux anniversaire, mon ange! Que cette 21ème année soit la plus amoureuse de ta vie! A tout de suite! Xavier"

(Épais silence. Alix se rapproche… Bérengère se lève… Robert jette la carte sur le bouquet… Christelle ne réagit pas, regarde droit devant elle…)

R (prenant les lunettes, le porte-feuille, etc., comme pour observer des objets rares…) : Oui, oui, je comprends, je comprends… Tout à un prix, n'est-ce pas? Tu as raison, c'est le sens de la vie… Les cours de la bourse du cœur… (Il repose les objets, récupère sa rose dont il arrache la fleur avec les dents. Il crache les pétales sur Christelle.) Même le mépris a un prix… (Robert sort…)

Ax : Attends-moi Robert, je viens avec toi…

B: Oui, moi aussi! Attendez-moi les amis…

(Christelle se retrouve seule, le gros bouquet posé devant elle… Musique… Elle rejette le bouquet, croise les bras sur la table et pose sa tête sur ses bras… 15"… Soudain elle se redresse, comme foudroyée par une idée géniale. Elle sort son portable et compose un sms qui apparaît sur le ppt qui traduit la V.O.)

"Désolée, Robert, tu t'es trompé… Je ne suis pas une fille assez bien pour toi. Bonne chance, sincèrement. C*"

(Elle réfléchit en marchant, son portable à la main, puis se rassied… Nouveau sms/ppt…)

"Xavier… Je suis désolée, je me suis trompée. Ton fric, je m'en fous et, surtout, tu es beaucoup trop vieux… Bonne chance, sincèrement. C*"

(Elle sort un calepin et griffonne un mot qu'elle glisse entre les roses, puis elle porte le bouquet sur le bureau du prof et sort rapidement… Fin de la musique…)

 

Scène 2

(Elsa et Olivier entrent en bavardant…)

Olivier : Mais non, c'est pas ça le problème! Tout le monde est fou! C'est juste une question de culture et de géographie! Tiens, par exemple… Tu jettes un papier par terre ou tu craches, en Allemagne… T'es fou! Enfin, folle… Ça fait un milliard de fous, si tu vois ce que je veux dire…

Elsa : Est fou celui qui ne se conforme pas à la norme sociale…

O : Voilà! Excellent, tu as tout compris… Mais (découvrant le bouquet de roses) qu'est-ce que c'est que ça? (Tirant le bout de papier des fleurs puis le lisant…) "De la part d'une admiratrice inconnue…" C'est quoi cette connerie?

E : Bah, une jeune énervée comme il y en a beaucoup… Tu les ramènes à ta femme, ça lui fera plaisir…

O : Un gros bouquet de roses comme ça, d'un seul coup sans raison, elle va trouver ça louche… Elle va se dire que j'ai quelque chose à me faire pardonner.

E : Bon, à ta maîtresse, alors!

O : Pas de maîtresse. Une femme, c'est déjà un job à temps complet! Bon, qu'est-ce qu'on fait de ces roses?

(Olivier prend le bouquet et le cache sous le bureau, Elsa va s'asseoir…)

O : Elsa… Il reste dix minutes. Je te confie mes affaires, je vais fumer une cigarette…

E : Okay, intoxiqué…

O (sortant) : Ouais, ouais…

 

Scène 3

(Alix et Elsa pendant la pause avant le cours d'Olivier, puis Luc, puis Olivier suivi de Sylvia, Isabelle et Léa)

Elsa : Tiens! Salut Alix! Tu vas bien?

Alix : Ouais, comme d’hab… Et toi?

E: Pareil. Alors tu viens toujours au cours de philo maintenant? C'est pourtant pas obligatoire…

Ax: Oui… En plus, j’aime pas trop la philo. Je suis pas très douée pour les choses trop abstraites, mais ça peut être intéressant… A propos, tu as lu ce qu’Olivier nous avait envoyé l’autre jour par mail?

E: Le lexique de la folie?

Ax: Exactement. Tu sais quoi? Il y a certaines descriptions dans lesquelles je me reconnais parfaitement! Clinomanie : Fait de rester couché en permanence, symptomatique d'un désintérêt ou d'une peur de la vie sociale ainsi que d'un repli sur soi. Qu’est-ce que tu en dis?

E: Félicitations, tu es folle.

Ax: Eh, oui… Ça t’est jamais venu à l’idée de tout laisser tomber et de rester couchée toute une journée?

E: Moi non, mais tu as le droit… Faut juste penser à bouger de temps en temps! On est encore jeunes, pleines d'énergie! Toi, je ne t’ai jamais vue faire de sport en dehors des séances d’EPS. On dirait une vieille…

Ax: Y'a plein de vieux qui font du sport! Je préfère la musique, la danse, et tout ça…

E: C’est bon Alix, je plaisantais… On sait que tu es née caaalme, c’est pas de ta faute! Par contre, j’ai pas l’impression que tu aies peur de la vie sociale!

Ax: La plupart du temps, je me débrouille… Et puis, y'a des fois, rien que de jeter un coup d’œil dans la rue, j'en ai la chair de poule… Il y a tant de gens dans ce monde, chacun dans son petit coin! J’ai envie qu’ils s’arrêtent, qu’on se rencontre, qu'on voit où on en est les uns, les autres… C'est dingue d’être si près et si loin!

Luc (passant par là): Tu arrives à avoir tout ça dans la tête "en un coup d’œil"? Cette fille est vraiment trop sensible! Unbelievable!

Ax: Oui, tu peux parler! En tout cas un gars comme toi ne comprendra jamais les filles incroyablement sensibles! Bonne chance pour trouver ta nana!

L: Ne sois pas si méchante, toi!

E: C’est bon, elle plaisante… (Luc repart comme il est arrivé) Mais tu ne fais jamais le premier pas pour connaître les autres…

Ax: Bonne remarque… Je ne sais pas, je n’ai pas assez de courage peut-être. Et puis… j’aime pas parler.

E: Ah, oui… Là, on peut dire que tu es dans la merde… Enfin, c’est peut-être pas si grave, après tout! Olivier a dit que chacun pourrait se reconnaître dans ce lexique de la folie! A propos, tu as déjà une idée de ce que tu vas écrire pour la pièce de théâtre?

Ax: Ah non, j'ai la tête totalement vide! Sacré Olivier… Parlez de vous, ce qui est important pour vous et dont vous ne parlez jamais d'habitude! Rien de plus difficile! Tu as une idée, toi?

E: Tu pourrais écrire le rôle d'une petite vieille de vingt ans qui a envie de rester couchée toute la journée… (Alix fait mine de lui taper dessus) Aïe, ok, ok, j’arrête! Ben non, moi non plus je ne sais pas quoi dire! Quelque chose de bien caractéristique de notre génération, peut-être.

Ax: Waoh, on ira loin… Notre misérable génération!

E: Tu dramatises! Qu’est-ce qui te fait dire ça?

Ax: Tu n’as pas lu cet article sur Internet?

E: Lequel?

Ax: "Nous, qui sommes nés dans les années 80"…

E: Non…

Ax: Quand on était à l’école primaire, seule l’université était gratuite; maintenant qu'on y est, seules les écoles primaires ne demandent plus d’argent. Quand on ne pouvait pas encore travailler, les jobs étaient donnés par l’Etat; maintenant que c'est notre tour, on doit se débrouiller tout seul pour l'eau, le gaz, et l'électricité! Avant, même si t'avais pas d'argent, les logements étaient distribués par l’Etat; maintenant qu’on réussit tant bien que mal à gagner sa petite vie, les loyers sont hallucinants! Quand on était petits, un gars débarquait en vélo pour marier sa belle; maintenant qu’on a l’âge de se marier, un type sans un bel appart' et une voiture est bien parti pour rester célibataire toute sa vie!

E: Et nous avec!

Ax: Et nous avec! Quand on était petits, même avec un brevet d’école primaire, on pouvait trouver un boulot intéressant; maintenant il faut une licence pour faire le ménage dans une grande entreprise étrangère…. Quand on était petits, les adultes pouvaient encore avoir autant d’enfants qu’ils voulaient; maintenant qu’on en a les moyens, il faut s'arrêter à un!

E: Stooooop! Stop… Tu me déprimes…

Ax: Ben, oui! Moi aussi je me déprime! Qu’est-ce qu’on a fait de mal, nous?

E: Mouais, à quoi ça sert d’étudier si dur, maintenant? Avec les effectifs qui ne cesse d'augmenter ces dernières années dans nos universités…

Ax: Mais oui, tout est paradoxal! Avant, les profs exigeaient surtout de la discipline, de la rigueur, il fallait que tout le monde pense pareil pour renforcer l’union, et maintenant, on nous reproche de manquer de créativité! Celui qui me dit qu'il n'est pas paumé est un menteur!

E: Et Dieu créa la flemme! (bâillement)

 
Scène 4

(Olivier entre… suivi de Sylvia, Léa et Isabelle qui s'installent en bavardant)

O: Salut les jeunes!

Ax: (d’un ton las) Saaaaluuuuut Monsieuuuuuur…..

O: Oh là… Un certain parfum de blues générationnel flotte dans cette salle… On va parler de la folie, aujourd’hui. Vous allez voir, ça va vous détendre…

Ax (murmurant à E) : Manquait plus que ça… Explorons les mystérieux chemins de la sagesse… par la folie!

E: Tiens, en parlant de folie… Il y a un concert de rock sur le campus d’en face ce soir! On y va avec Sylvia (en train de s'asseoir à côté d'elle), tu veux venir? Plein de beaux mecs! Pas comme ici…

Ax: Excellente idée!

O : Nous poursuivons donc notre abécédaire avec F comme Folie… Alors, la folie qu'est-ce que c'est? Il nous faut d'abord préciser qu'il n'y a pas une folie, mais des folies! Par exemple, l’aboulie, Volonté diminuée ou absente. Le sujet reste capable de se représenter la tâche à accomplir, mais il ne parvient pas à passer à l'acte. Ou encore, l’absence : inattention momentanée, courte période (qq secondes) pendant laquelle la conscience est "absente", comme suspendue. (O se tourne pour écrire en tableau)

E (à Sylvia) : Olivier parle de toi : l’absence.

O : On a aussi l’acathisie, que certaines d'entre vous connaissent un peu sans le savoir… (Coup d'Å“il vers Elsa) Troubles moteurs consistant en un besoin de déplacer ses jambes si impérieux que le patient ne peut plus ni s'asseoir, ni dormir.

Sylvia (à Elsa) : Ah ! Voilà ! A ton tour!

O : Ce qu'il faut retenir, c'est qu'en dehors de certains cas cliniques, le mot folie contient surtout un jugement social… Bon, c’est tout pour aujourd’hui. L’examen semestriel aura lieu mardi dans deux semaines, dans cette salle… Si vous avez des questions, com d'hab, sms, mail, hotline 24 h/24! Ok ? Bye bye! (O sort…)

 
Scène 5

E : Dis-moi, mardi dans deux semaines, c'est quel jour ?

S : T’as de la fièvre ? Mardi dans deux semaines, c’est toujours mardi.

E : Merci, je ne suis pas complètement débile! Ce sera quelle date, si tu préfères…

S (consultant son portable) : On sera le... 25 juin.

E : Bon… J'aurai mon amulette sur moi pour passer l’examen.

S : Pppfff! Superstition ! Tu crois vraiment réussir un examen grâce à une allumette ! Ne dis pas de bêtises !

E : Non en effet. Je t’assure qu’une allumette, ça ne résoudra aucun problème… Mais une amulette, si ! Bien sûr! Ça et quelques révisions…

S (songeuse) : Amulette… Allumette… Le français, ça me tue!

E : Bon… On va manger? Je suis au bord de l'évanouissement!

S : Non, il fait une chaleur à crever! Je ne veux pas sortir…. En plus, j'ai fini la dissertation pour Olivier à trois heures du matin. Je crois que je vais rentrer au trottoir pour dormir.

E : Ma pauvre! Tu en es réduite à dormir sur le trottoir… Je suppose que tu veux parler du dortoir…

S : Oui, c'est ce que j'ai dit! Va déjeuner avec Bérengère, si tu veux… A moins qu'elle soit prise par son mec…

E: Bérengère a un mec!?

S: Mais oui, celui avec la grosse IBM…

E: Il roule en ordinateur? C'est original!

S: N'importe quoi! C'est une super bagnole allemande!

E : …

S: Quoi, c'est pas IBM? Ah, OK, BMW… Dui bu qi…

E: Il est temps que tu manges quelque chose, tes neurones commencent à sérieusement manquer de carburant… Attends-moi là, je te rapporte quelque chose… (Elsa sort, Sylvia pose la tête sur ses bras, lumière sur Isa et Léa qui sont assises derrière elle.)

 
Scène 6

Léa : Isa, donne-moi des conseils. Je ne sais pas quoi me mettre demain… Tu sais, c’est mon premier entretien ! Tu crois que je peux y aller avec ce pull?

Isabelle : Ne t’en fais pas, Léa. Écoute, je vais consulter mon livre d’or et te faire un projet complet pour ton premier entretien. Commençons par ton signe astrologique ?

L : Mon quoi ?

I : Ton signe astrologique. Tu ne le connais pas ?

L (haussant les épaules) : Aucune idée.

I : Incroyable! Tu dois être la dernière personne sur la planète à ne pas connaître son signe !

L : C’est vrai ? Sur ta planète, peut-être...

I : Bon, je suis volontaire pour te donner un cours d’alphabétisation.

L : Ah bon ? Ça m’intéresse. Vas-y.

I : Tu n’auras qu’à répondre à mes questions.

L : D’accord.

I : Alors, ton anniversaire ?

L : Le 15 février.

I : Le 15 février... Attends (Isa feuillette son livre)... Ton signe astrologique est le Verseau.

L (riant) : C’est peut-être la seule chose que j’aurai apprise aujourd’hui.

I : Ne te moque pas de moi ! Si tu savais quelle chance tu as de m’avoir…

L : Ha ha, continue alors.

I : Écoute : le verseau, onzième signe du Zodiaque, est gouverné par Uranus et Saturne. Précisément, le 15 février est sur le troisième décan, gouverné par la Lune et Uranus.

L : Mais qu’est-ce ça veut dire ? Ça me paraît de plus en plus compliqué.

I : Ce natif est considéré comme un véritable clairvoyant du monde artistique ou intellectuel. De plus le domaine sentimental l’influence plus particulièrement, car il désire être aimé et apprécié à sa juste valeur. Alors, est-ce que ça te correspond ?

L : C’est très général, non? Tout le monde né en février est comme moi?

I (lisant, ne répond pas à la question) : Le natif du Verseau est avant tout un être doté d’une intelligence exceptionnelle, d’une intuition extraordinaire...

L : Une intuition extraordinaire ? Je vais prévoir les résultats des examens!

I : ...et d’un idéalisme positif qu’il sait communiquer à tout son entourage.

L : Ah, c’est mon rêve... Tu n'aurais pas quelque chose de vraiment utile ?

I : Quelque chose d’utile ? Bien sûr ! Écoute, ta couleur porte-bonheur est le jaune !

L : Ah bon? J’aime bien le jaune. Mais pourquoi ma couleur porte-bonheur?

I : Tiens, j’ai une idée ! Tu porteras une robe jaune demain pour ton entretien. Tu vas certainement réussir.

L : Ha ha, tu es sûre ?

I : Et ton chiffre porte-bonheur est le sept ! Il vaut mieux que tu sois la septième de l’entretien.

L : Mon entretien dépend de la couleur de ma robe et du chiffre sept ? Quelle histoire !

I  : C’est pour ton bien, Léa, que je te dis ça! Tu dois me faire confiance. Écoute, d’après mon livre d’or, le mardi est mon jour porte-bonheur; et j’ai brillamment réussi à l’examen d’Olivier un… mardi! Tu sais que c’est difficile de bien passer son examen.

L : Ah ha, très puissant, ton livre d’or ! Alors dis-moi quand je vais trouver mon amour.

I : C’est encore plus compliqué mais… Si tu es libre ce soir, je vais t’expliquer. Tu sais, tu es ma meilleure amie...

L : Oh ma chère Isa ! Comme je suis heureuse de t’avoir comme amie ! Tu sais quoi, tu es juste comme ma sorcière !

I : Mais non, je suis ta fée !

 
Scène 7

Elsa (de retour avec qq chose à manger) : Je t'ai pris ça, ça te convient?

Sylvia (Isa et Léa sortent): C’est.. c’est amer !

E: Ma mère? Sois polie!

S : Ok, disons que ce n'est pas doux, c'est… plus loin…. amer!

E : Oui, j'avais compris. Je plaisantais…

S : Bon, je rentre me coucher… Pas sur le trottoir!

E : Attends, je viens avec toi…

(Fondu au noir sur Elsa et Sylvia qui sortent côté classe)

 
Scène 8

(Ouverture sur Olivier qui entre côté bureau, un paquet de copies sous le bras.)

O: Quatre heures de cours, ce matin, quatre cet après-midi, et quatre-vingt copies à corriger en prime, bref, tout va bien! Personne au monde ne mérite plus une petite sieste… Et pourtant, non! Quel courage! Quel sens des responsabilités! (Prenant un petit livre dans un tiroir de son bureau) Donc…. (Prononciation très accentuée) Ni-haoooo…. Xie xie… (On frappe à la porte) Ouais!

Robert : Bonjour prof ! Vous allez bien?

O : Super bien! Ça fait un mois que j'apprends le chinois, j'en suis toujours à Ni hao, xie xie, ting bu dong, zai jian…

R : C’est déjà pas mal pour un débutant!

O : Grandiose, tu veux dire! A cette vitesse-là, dans dix ans je peux aller acheter mes cigarettes tout seul!

R : Parfait, vous allez arrêter de fumer!

O : C'est malin! Explique-moi plutôt comment prononcer celle-là…



04/07/2008
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